Le retour en Côte d’Ivoire de Charles Blé Goudé ne doit pas occulter la nécessaire poursuite des réparations en faveur des victimes de la crise post-électorale
 

La Haye, Abidjan, le 26 Novembre 2022 – Acquitté par la Cour pénale internationale le 31 mars 2021 pour l’ensemble des charges de crimes contre l’humanité pour lesquelles il avait été poursuivi, Charles Blé Goudé, qui résidait depuis lors aux Pays-Bas, effectue aujourd’hui son retour en Côte d’Ivoire. Le Fonds au profit des victimes de la Cour pénale internationale estime que ce retour, qui marque un moment symbolique dans les suites judiciaires de la crise post-électorale, ne devrait pas faire perdre de vue les attentes des victimes des crimes commis en 2010-11, en particulier en matière de réparation.
 

« Près de dix ans après son arrestation, le retour de Charles Blé Goudé, libre depuis la décision définitive de la Cour en mars 2021, est une page qui se tourne. Toutefois, cela ne signifie pas que le passif de la crise post-électorale est soldé : d’une part, un nombre important de victimes des crimes commis pendant cette période continue d’attendre des réparations pour le préjudice qu’elles ont subi ; et d’autre part, le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale poursuit ses enquêtes dans la situation de la Côte d'Ivoire » a déclaré Ibrahim Sorie Yillah, vice-président du conseil de direction du Fonds au profit des victimes de la Cour pénale internationale.
 

Depuis 2015, à la suite du travail de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation, l’État de Côte d’Ivoire a initié un programme d’indemnisation des victimes de la crise. A ce jour, plus de 4.400 ayants droits de personnes tuées pendant la crise ont reçu une indemnisation et près de 2.000 personnes ont bénéficié d’une prise en charge médicale. Beaucoup reste pourtant à faire, au regard de l’ampleur des crimes commis en 2010-11, mais également au cours de la décennie précédente. Lors de la journée nationale de la Paix, célébrée le 15 novembre, le Premier ministre, M. Patrick Achi, a réitéré la volonté du gouvernement de poursuivre ces mesures, en annonçant notamment que l’ensemble des victimes de Duékoué, ville particulièrement touchée par la crise post-électorale, allaient en bénéficier rapidement.   
 

« Quand des violations graves des droits humains ont été commises, les réparations ne sont pas simplement une demande légitime de celles et ceux qui en ont souffert, elles sont avant tout un droit pour les victimes et une obligation juridique pour les États concernés. Au-delà du droit, les réparations, individuelles mais aussi collectives et symboliques, sont également un puissant moyen de contribuer à la consolidation de la paix et à la réconciliation, en reconnaissant aux victimes leur statut et en leur permettant de se projeter à nouveau au sein de leur communauté et de la communauté nationale » a déclaré Minou Tavárez Mirabal, présidente du Fonds au Profit des victimes de la Cour pénale internationale.
 

En Côte d’Ivoire, le programme d’assistance du Fonds au profit des victimes répond, en complémentarité́ avec l’action gouvernementale, au préjudice des victimes de quinze incidents graves et emblématiques survenus entre 2002 et 2011. Outre les prises en charge individuelles sur le plan médical, psychologique ou socio-économique, le Fonds au profit des victimes conduit également des activités de réparations communautaires et symboliques, à l’image des cérémonies organisées à Duékoué avec le ministère de la Réconciliation et de la Cohésion nationale, à l’occasion des journées de la Paix, du Souvenir et du Pardon. Pour ce faire, il collabore avec ses partenaires de mise en œuvre : Fondation AVSI, DRAO et WANEP, et s’appuie sur un comité́ consultatif composé de dix organisations de victimes et de la société civile ivoirienne.

 

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